M. Torotti, dans son "Histoire de la Nouvelle Jérusalem" au Mont Sacré de Varallo, signale parmi les familles les plus anciennes et les plus éméritées, celle des Carestia, en rappelant un Antonio, qui légua tous ses biens en faveur des pauvres de la Cour Supérieure en 1508.
L'origine de la famille Carestia remonte à des temps très éloignés, mais son nom lui est parvenu d'un certain Comolo, surnommé Carestia (Comolus dictus Carestia) qui vivait vers la fin de l'an 1400 et ses descendants conçervèrent le nom. Cependant les recherches faites et les documents vérifiés nous permettent de remonter vers l'an 1300, dans le village de La Pontata en Valle Vogna (Valsesia) sous l'Alpe Larecchio dans la Voldobbia (Reynoldus de Montata Larecchio). Le nom et d'autres circonstances feraient supposer que ce Comolo ou ses devanciers furent d'origine allemande et appartenaient à une troupe de colons qui du Valais étaient venus en Val Sésia et on été implantés par les Comtes de Briandrats à cette époque, maîtres des deux vallées. (Voir "Histoire de la Valsesia", pages 261 et suivantes).
A un Pierre Carestia, fils de Comolo, se rattachent les principales branches de cette famille, dont la plus grande partie s'était établie à l'étranger et principalement en France. Dans le " Dictionnaire Universel d'Histoire " de Bouillet, on mentionne un architecte Carestia (Ang.Nic.) né à Avallon et fils, propablement de Pietro Antonio qui s'était marié en France vers l'an 1720 et était membre de l'Institut de Paris et auteur d'importants travaux.
Un Giovanni-Battista , fils de Giovanni- Antonio, de la branche qui avait élu sa résidence à Borgosesia (Italie), né à Dijon (France), revenu ensuite dans sa patrie où il s'est distingué comme avocat, dans le Conseil Général qui s'est tenu à Varallo le 12 Mai 1796 et fut élu Régent de la Valsesia par la Cour Supérieure.
Un de ses frères, ingénieur et architecte, laissa aussi descendance à Dijon (France). Il est à retenir qu'à cette même famille l'architecte Auguste Carestia (qui francisa son nom de famille par Caristie) et qui présenta en 1837, à l'Exposition de Paris, un admirable plan de reconstruction du Théatre Antique d' Orange, vue d'ensemble qui contribua pour une large part à sa restauration. La Ville d' Orange, reconnaisante, donna le nom d' Auguste Carestie à l'une de ses principales rues. De la reconnaissance due par les Orangeais à Auguste Caristie, il ne faut pas selon nous, séparer son frère ainé, l'Ingénieur des Ponts et Chaussées (participant à une expédition sur navire au service de Napoléon, selon une liste établie en 1798, au cours de laquelle 32 membres trouvèrent la mort), et à qui la Ville d'Orange est redevable de la belle promenade du Cours Pourtanles (1808), du redressement de la route de Paris à Antibes entre le Pont d'Eygues et l'Arc Romain (1817) et de l'élargissement du chemin vicinal d'Orange à Caderousse.(Citation dans le "Dictionnaire Larousse": Caristie (Auguste nicolas), architecte français né à Avallon (Yonne) en 1783, mort à Paris en 1862. Pensionnaire de l'Académie de France à Rome (1813), il prolongea de deux ans la durée officielle de son séjour en Italie. Il employa ce temps en excursions artistiques, d'où il rapporta de précieux dessins et quatorze vues. C'est aussi à cette époque de sa carrière qu'appartient le "plan et la coupe d'une parie du Forum et de la Voie Sacrée" (1822). En 1823, Caristie prépara la restauration de l'Arc des Marins à Orange et c'est par ses plans qu'il fut exécuté et terminé en 1829 par Renault. En 1824, il dessina un projet de Monument aux Victimes de Quibéron. Il publia plus tard les dessins de restauration de l'Arc d'Orange sur lesquels il écrivit une notice. Enfin il compléta la série de quarante dessins des Thermes de Pouzzoles ou Serapeum. Il fut nommé membre de l'Institut en 1840.
D'autre souvenirs de famille permettent, en outre, de rappeler un Carestia qui fut le favori du Duc de Berry et un autre qui était agent d'affaires du Comte Damas, mais la Révolution Française les obligea à se retirer en subissant de graves revers financiers.
Pareillement, dans le Valais (Suisse) et dans la Vallée d'Aoste (Italie), pour des raisons d'entreprises de constructions se sont rendus des Carestia, constructions encore existantes. Un Michel Carestia, décédé en 1685, fut l'architecte-constructeur de" l'Eglise de la Visitation" et de la "Chapelle de la Vierge de Carmine" et du" Collège de Saint Bénigne", à Aoste, où il travailla plus de trente cinq ans.
De la branche principale de cette famille existant encore à Riva-Valdobbia (Valsesia), il faut rappeler Giacomo-Antonio (le père de l'abbé Carestia le lichenologue), né le 9 Décembre 1769, Giovanni-Pietro et de maria Minoia et décédé le 23 mars 1833. Il apprit la chirurgie en France, à Grenoble, qu'il exerça avec beaucoup de talent en Italie et fut chirurgien en chef de l'Hopital Majeur de Novara, et professeur de chirurgie et d'anatomie. Il était en outre, un botaniste distingué (il eut comme professeur le savant Villars) et concourut, avec le professeur Giovani Biroli, pour la flore de la Valsesia en 1815. Son fils, l'abbé Don Ant. Carestia , s'est voué, lui aussi avec un amour particulier, à l'étude de la botanique dans laquelle il surpassa son père, gagnant ainsi l'estime et l'amitié des plus doctes botanistes d'Europe, pour avoir enrichi la science de plusieurs espèces végétales des Alpes qu'il a découvertes particulièrement dans la Valsesia. En font foi: Le "Catalogue des Lichens de la Valsesia", publié par lui et le professeur Barghietto; "L'Epilogue de la Bryologie Italienne", de l'illustre professeur De Notaris, où sont décrites soixante dix huit nouvelles espèces découvertes par l' Abbé Carestia et l' importante "Monographie sur les Hépatiques des Alpes Pennines". L'Abbé Carestia (1825-1908), on peut bien le dire, fut le vrai créateur de la lichenologie Valsesiena, ayant récolté et classé toutes les espèces de lichens de nos Alpes et formé un très riche herbier (un incendie détruisit totalement cet herbier le 1er Novembre 1930). Un bas-relief en bronze, de l'abbé Carestia, orne la place de la ville de Riva, qui porte aussi son nom.
En correspondance avec les plus éminents botanistes d'Europe, il participa pendant de nombreuses années, aux publications cryptogamiques faites à Dresde par le Professeur Rabensorst, et il fit don de récoltes de grande valeur aux musées et aux herbiers de Gènes, de Naples, de Pise, de Florence, de Cagiari, d'Allemagne, de Suisse, de France, d'Angleterre, etc...
Il était aussi un savant paléographe et sa collection de mémoires, écrits, documents, et livres concernant la Valsesia, est très précieuse.
Zefferino Carestia, fils du notaire Guissepe Carestia et de Orso Domenica, fut un sculpteur de grand talent et quoique jeune encore, a fait faire des pas de géant dans l'art de la sculpture. Il fit ses premières études au Laboratoire de Barolo à Varallo-Sesia, il se perfectionna à l'Académie Albertina, à Turin, auprès du Maître Tabacchi et se dirigea ensuite à Rome.
Un buste érigé en 1882 au Professeur Giacomo Bossi en Crescentino et celui du Professeur Carlo Frigiolini fait par la Société d'Encouragement à l'Etude du Dessin, à Varello-Sesia, sont deux de ses oeuvres qui font honneur à ce jeune artiste.